La CNT (Confédération Nationale du Travail) est un syndicat autogestionnaire et anticapitaliste qui s’inspire des idées libertaires.
« Autogestionnaire » signifie : pas de hiérarchie, pas de dirigeant·e·s, pas de centralisme bureaucratique. Nos syndicats sont autonomes (c’est le fédéralisme démocratique de base), ses mandaté·e·s et représentant·e·s sont toutes et tous bénévoles, révocables et contrôlé·e·s par les adhérent·e·s dans les sections et tout le temps. Il n’y a pas de permanent·e·s ni de salarié·e·s parce qu’iels deviennent à terme des professionnel·le·s de la contestation et prennent le pouvoir en interne inéluctablement pour sauver l’appareil qui leur évite de trimer comme les autres. C’est humain.
« Anticapitaliste » signifie que nous désignons clairement nos ennemi·e·s de classe : le patronat, les actionnaires, les propriétaires des outils de travail, l’élite politicienne qui instrumentalise les services publics. Nous ne cherchons pas à gérer avec elleux mais à faire en sorte qu’iels soient le moins nombreu·x·ses possibles et à les priver de leurs ressources. Cela passe selon nous par le développement d’initiatives collectives basées sur la gratuité et l’entraide afin de contrer la marchandisation.
Nous essayons de réduire à néant tous les rapports de domination dont nous avons hérités par notre éducation et le conditionnement social, (malgré nos belles idées), et qui déterminent notre comportement : la domination patriarcale, la domination coloniale et racisée, la domination culturelle des «compétent.e.s» qui maitrisent les codes de langage, de droit, de communication et d’organisation, la domination sur la nature vue comme étant uniquement au service de l’humain. Pourquoi ? Parce que ces rapports de domination créent des hiérarchies informelles entre individu·e·s sans qu’il y ait besoin d’un quelconque pouvoir structuré ni de dirigeant·e·s déclaré·e·s. Parce que les capitalistes appuient et accentuent ces divisions pour mettre en œuvre leur exploitation, en accordant des privilèges à certain·e·s pour qu’iels maintiennent le cadre disciplinaire du travail. Les rapports de domination permettent que des individu·e·s s’habituent à subir, à obéir, à s’effacer, à se sacrifier.
“Une société qui n’aurait pas de leader, de type qui parle, serait incomplète, au sens où il faut que la figure du pouvoir possible (c’est-à-dire ce que la société veut empêcher), le lieu du pouvoir, ne soit pas perdu. Il faut que ce lieu soit défini. Il faut quelqu’un dont on puisse dire: « Voilà, le chef c’est lui, et c’est précisément lui qu’on empêchera d’être le chef ». Si on ne peut pas s’adresser à lui pour lui demander des choses, s’il n’y a pas cette figure-là qui occupe ce lieu du pouvoir possible, on ne peut pas empêcher que ce pouvoir devienne réel. Pour empêcher que ce pouvoir devienne réel, il faut piéger ce lieu, il faut y mettre quelqu’un, et ce quelqu’un c’est le chef”.
Pierre Clastres, Entretien avec l’Anti-mythes (1974)
La Confédération Nationale du Travail a pour but :
De grouper, sur le terrain spécifiquement économique, sans autre forme de discrimination, pour la défense de leurs intérêts matériels et moraux, tous les travailleureuses à l’exception des employeureuses et des forces répressives de l’État considérées comme des ennemies des travailleureuses.
De poursuivre, par la lutte des classes et l’action directe, la libération des travailleureuses qui ne sera réalisée que par la transformation totale de la société actuelle.
Elle précise que cette transformation ne s’accomplira que par la suppression du salariat et du patronat, par la syndicalisation des moyens de production, de répartition, d’échange et de consommation, et le remplacement de l’État par un organisme issu du syndicalisme lui-même et géré par l’ensemble de la société.
La CNT, reposant sur lea producteurice, garantit à cellui-ci la direction de l’organisation des travailleureuses.
