Ces dernières semaines la Révolution française est l’honneur, le film de Pierre Schoeller un peuple et son roi vient de sortir dans les salles de cinéma en mettant en scènes l’enchaînement des événements révolutionnaires conduisant au jugement et à l’exécution de Louis XVI en 1793. Dans un autre registre, l‘association les discussions du Maine un rassemblement hétéroclite allant du RN à l’Action Française, organise la projection d’un obscur film amateur dont le scénario se résume à la phrase suivante « dans le chaos de la révolution, deux époux rejoignent la résistance pour leur foi et leur prêtre ». Un film dont le scénario pompeux laisse présager du peu d’intérêt artistique et d’une fiabilité historique semblable aux péplums hollywoodiens .
Pour ce film identitaire, le conseiller historique n’est autre que Reynald Seycher dont le nom signe depuis le début des années 1980 une controverses entre historiens sur la question de la guerre de Vendée. Il est l’auteur d’une thèse portant sur l’« étude du génocide franco-français : la Vendée-Vengée » et d’une série d’ouvrages où il réaffirme l’existence d’un génocide et d’un « mémoricide ». Ces thèses sont scientifiquement contestables et s’apparentent à un mythe identitaire dont la partialité a été démontrée par Jean-Clément Martin ( Professeur d’Histoire à l’université Paris Sorbonne et directeur de l’institut d’Histoire de la Révolution Française ) dans son article « Ni génocide ni mémoricide » paru dans le magazine L’Histoire en 2012. Pour lui La violence de la guerre de Vendée n’est pas à rattacher aux violences de masse du XXe siècle. C’est un anachronisme, une posture idéologique, en effet, il n’existe pas un projet idéologique d’exclusion vis-à-vis des Vendéens, ni de planification des tueries. Il n’existe pas d’ordre de détruire un groupe ethnique ou religieux. Seycher produit une histoire partisane qui s’inscrit dans une politique révisionniste de la mémoire touchant à la Révolution française.
Pourquoi s’intéresser à lui ? Parce que ses thèses ont une résonance médiatique notamment au moyen d’éditorialistes comme J.W Goldanel et Christophe Barbier qui campent sur les chaînes de télévision, préfacent ses ouvrages et en assurent la promotion. Ou encore, sur le service publique au moyen de l’émission l‘ombre d’un doute. Reynald Seycher s’inscrit dans cette tradition d’historiens de garde, à l’instar des Loran Deutch ou des Eric Zemmour. Ses idées trouvent aussi une audience auprès des responsables politiques. En 2011 plusieurs députés conservateurs ont déposés un projet de loi « visant à reconnaître officiellement le génocide vendéen de 1793-1794 ». Une vision biaisée de l’histoire reprise par la famille De Villier dans leurs parc du Puy du Fou, cette fiction où la véracité historique est écrasée par l’idéologie royaliste et catholique.
Comment répondre à ces manipulations historiques et politiques ? Comment dépasser les mythologies identitaires et le « roman national » ? Au delà de la dénonciation de l’instrumentalisation de l’histoire il est nécessaire de défendre une histoire scientifique basée sur l’examen critique des sources. Poser la question des moyens de transmission et des modes d’appropriation de l’histoire, c’est affirmer sa puissance émancipatrice. La popularisation des savoirs est un terrain politique que Gérard Noiriel résume dans l’introduction de son dernier ouvrage ( une histoire populaire de la France aux éditions Agone ) « L’ambition ultime de cette Histoire populaire de la France est d’aider les lecteurs non seulement à penser par eux-mêmes, mais à se rendre étrangers à eux-mêmes, car c’est le meilleur moyen de ne pas se laisser enfermer dans les logiques identitaires. » .
L’association les discussions du Maine, affirme qu’elle à « vocation a faire vivre le débat intellectuel en Sarthe ». En réalité, c’est l’extrême-droite qui diffuse ses idées derrière cette façade pour. Le révisionnisme historique loin d’être anodin est l’une des pratiques les plus dangereuse de l’extrême droite. A l’heure ou l’idéologie fasciste et l’extrême droite paradent et s’ancrent profondément dans notre paysage politique, nous avons choisi de dire non. Il est légitime pour nous de combattre des idées qui violentent, blessent et tuent partout en France. L’antifascisme est une autodéfense populaire qui doit aussi être une autodéfense intellectuelle et reprendre à l’extrême droite le terrain des idées.
Opposons-nous à la « soirée-débat » tenue le mardi 16 octobre à Papéa parc par l’association d’ extrême-droite des « discussions du Maine »